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Bernard BARRAQUE

Le recouvrement du coût complet des services rendus par l'eau: quel lien avec l'eau comme bien commun?

Ingénieur civil des mines et urbaniste diplômé de Harvard, est directeur de recherches CNRS émérite au CIRED. Il analyse de façon comparative et historique, en Europe et dans quelques pays émergents,  le partage des ressources en eau, la gestion durable des services publics d’eau et d’assainissement, et le lien entre les deux. Cf. le blog du projet Eau & 3E (ANR Ville durable) : http://eau3e.hypotheses.org Il réfléchit notamment à la nature de bien commun de l’eau, et à l’histoire du droit et des politiques publiques correspondantes. 

Résumé de la présentation

L’OCDE admet qu’on recoure aux trois T (tarifs, taxes et transferts) pour couvrir les coûts des services d’eau et d’assainissement. Cette reconnaissance doit être confrontée à l’article 9 de la directive-cadre sur l’eau (DCE), qui demande de calculer l’écart entre le prix de l’eau et le coût complet des services rendus par l’utilisation de l’eau, puis de s’en rapprocher. Or, même en Europe, les tarifs sont souvent complétés par les deux autres T. Dans l’approche de la durabilité de la gestion de l’eau préconisée par les Nations Unies, dite des 3 E, on propose une nouvelle gouvernance pour trouver un compromis entre les trois E : environnement, économie, équité ; ceci pour atteindre une durabilité globale. On distingue la gouvernance interne et externe, chacune appelant de nouvelles approches scientifiques pour rendre durable le financement des services. Dans la gouvernance externe, la question est comment récupérer les coûts de l’environnement et des ressources lorsque les ressources en eau sont considérées comme des biens communs : on a besoin d’institutions porteuses des transferts que constituent les paiements pour services environnementaux. En France, les agences de l’eau sont bloquées sur ce point, et leurs redevances sont même devenues incohérentes. Mais deux arrêts de la CJUE ouvrent la voie à des financements ‘en bien commun’, à l’échelle des EPTB.

 

 

                                     

Peter VANROLLEGHEM

Suivre la qualité de l’eau de la goutte qui tombe du ciel et du robinet jusqu’à son arrivé en rivière : Qu’est-ce que la modélisation nous apporte?

Peter Vanrolleghem est un bio-ingénieur et PhD en technologies environnementales de l’Université de Gand (Belgique). Il y a été embauché en 1997 comme professeur focalisant ses recherches sur la méthodologie de modélisation de bioprocédés (agriculture, rivières, stations d’épuration).

En 2006 il est immigré au Québec comme titulaire de la Chaire de recherche du Canada en modélisation de la qualité de l’eau. Il est professeur titulaire au département de génie civil et de génie des eaux de l’Université Laval. Son équipe, modelEAU, focalise sur la modélisation de systèmes d’eau à différentes échelles : La StaRRE, le système réseau-traitement-rivière, les bassins versant. Les problèmes étudiés sont les nutriments, les gaz à effet de serre et les contaminants d’intérêt émergent.

Il joue un rôle important au sein des organisations internationales œuvrant dans le domaine de l’eau : Jusqu'à récemment, il était membre du conseil d'administration du WEF. Après un premier mandat en 2012-2016, il est à nouveau membre du conseil d'administration d'IWA et présidera le conseil d'administration d'IWA Publishing à partir de mars 2022. En février 2015, il a été nommé directeur de CentrEau, le centre interdisciplinaire de recherche sur la gestion de l'eau du Québec. Depuis 2019, il dirige aussi Osmoz, le nouveau Consortium de recherche dédié à l’eau, instauré par le gouvernement québécois pour appuyer la recherche liée à la gouvernance et la gestion de l’eau.

Résumé de la présentation

Des gains importants en termes de performances environnementales peuvent être obtenus en considérant le système d'assainissement urbain (égout – station d'épuration – rivière) comme un système global et intégré qui doit être géré ensemble. Dans cette contribution, les recherches menées par modelEAU au cours des deux dernières décennies sur la modélisation du système intégré seront présentées ainsi qu'un aperçu des futures lignes de recherche et des résultats attendus. Une attention particulière sera portée au devenir des particules dans le système intégré d'eaux usées urbaines puisque les particules sont associées à plus de 50 % de la pollution (matières organiques, nutriments, métaux lourds, agents pathogènes, etc.). De plus, les études portant sur les particules restent limitées car leur échantillonnage et leur analyse sont jugés problématiques.

 

 

                           

Bertrand MONFORT et Magali GERINO

Quel génie du vivant pour un traitement de l’eau responsable et adapté à nos besoins ?  

Bertrand MONFORT                                                                                       

Chargé de mission déploiement territorial du biomimétisme    (bertrand.monfort@ceebios.com)

Ingénieur agricole de l’ENITA de Dijon, spécialisé en microbiologie des sols, Bertrand Monfort se mobilise sur les questions de développement suite à un doctorat d’Ecologie préparé en Indonésie puis en Afrique de l’Ouest. Son parcours professionnel alterne, depuis 1985, des activités d’expert et de chef de projet dans les pays du Sud (développement agricole et agroforestier, aménagement forestier durable, inventaire et conservation de la biodiversité) et la création / développement d’entreprises innovantes dans des domaines variés (TIC, biotechnologies, environnement, agriculture…). Formé à la conception et à l’audit des systèmes de management ISO (qualité, environnement, sécurité), il assiste depuis 2000 les entreprises industrielles et les organisations des secteurs public et privé dans l’amélioration de leurs performances globales. Depuis 2010 , il a intègré la RSE (ISO 26000) et les objectifs de développement durable (ONU) dans son activité de conseil et de formation, pour faciliter la mise en œuvre d’une transition sociétale innovante et responsable, inspirée du vivant (biomimétisme, économie circulaire et de fonctionnalité, permaéconomie).

Parallèlement, après avoir contribué au projet institut INSPIRE de réconcilier le développement économique et la biosphère, il s’est investi depuis 2018, en tant que partenaire et correspondant régional de la SCIC Ceebios, pour favoriser l’émergence d’une dynamique autour du biomimétisme et de l’innovation bioinspirée en Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée.

Magali GERINO

Professeur d’écologie 1ière classe à l’UT3 (CNU 67) et à l’UMR 5245 (CNRS-UPS-INPT) LEFE – Laboratoire d'Ecologie Fonctionnelle et Environnement : magali.gerino@univ-tlse3.fr. Elle est arrivée à l’UT3 en 1995 après une thèse en océanographie à l’U. d’Aix-Marseille II, et un post doc au Marine Sciences Research Center de l’U. de New York. Son parcours a été récompensé par :  i) Prix Recherche internationale Convergence 2018 : Zéro exclusion, Zéro carbone, Zéro pauvreté ii) Premier prix au concours  « Développement Durable » de la Comue 2015 iii) Lauriers de l’Innovation INP-INOV 2014 et prix Novela « Toulouse Métropole ».

Depuis 2019, Magali est Présidente du Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel d’Occitanie, membre du CS de la «Nature en ville » de Toulouse Métropole et du CA de l’Agence Régionale de la Biodiversité. Entre 2016 et 2019 elle a été membre associé CGEDD (Conseil General de l’Envir. et Dev. Durable) et nommée à la Mission Régionale de l’Autorité envir. d’Occitanie. De 2017 à 2018 expert à l’IPBES pour le rapport mondial sur les services naturels. De 2011 à 2015 co-responsable de la mention du Master d’Ecologie (7 spécialités de M2) dans le Dépt. Biologie et Géo-sciences à l’UT3, elle a aussi ouvert un master d’écologie à l’U. des Sciences et technologies de Hanoi. De nombreux projets de recherche ont alimenté ses recherches sur le rôle de la biodiversité aquatique dans le fonctionnement des écosystèmes naturels. Depuis le projet Minerve* en coopération avec le LGC, l’application de l’écologie fonctionnelle pour des biotechnologies fondées sur la nature est devenu son centre d’intérêt. Un Living Lab sous la forme d’un filtre bioinspiré vivant sera construit en 2022 sur le campus UT3 (Interreg Sudoe Tr@nsnet) dans le cadre de neOCampus. Elle est l’auteur de 58 papiers, 6 chapitres d’ouvrages, 66 communications et un brevet international, avec un h-index de 24.

Résumé de la présentation

En accord avec l’objectif 6 du développement durable de l’ONU, garantir l’accès à l’eau aux citoyens nécessite d’investir davantage dans des installations sanitaires durables et innovantes pour le petit cycle de l’eau. L’application des connaissances en écologie aquatique et théorique est une source d’inspiration pour des solutions aux questions émergentes pour la gestion de la ressource en eau, depuis sa collecte, le traitement des eaux usées, le recyclage, jusqu'à la sécurité du réseau face au changement climatique. Jusque là les solutions bioinspirées ont surtout été centrées sur les procédés d’épuration (phytoépuration notamment).

Pourtant la vie est apparue dans l’eau et n’a colonisé les terres émergées que dans le dernier huitième du temps d’évolution des espèces. L’eau est ainsi la source de la vie, tant comme milieu que comme constituant, en association avec le gaz carbonique et via la photosynthèse. Grâce à ses propriétés polaires qui favorisent les contacts et relations entre atomes et molécules, ainsi que la solubilisation de celles-ci, l’eau est le véhicule des cycles biogéochimiques et la clé principale des processus du vivant. Le service naturel de régulation de la qualité de l’eau met en jeu des habitats et des communautés d’organismes impliqués dans les processus à l’origine de l’épuration naturelle de l’eau dans les écosystèmes aquatiques. Le transfert de cette biodiversité dans les procédés de traitement de l’eau amène à des solutions bioinspirées. 

Le biomimétisme définit un cadre de recherche et d'innovation particulièrement pertinent dans le domaine de l’eau, en tant que philosophie et approches conceptuelles interdisciplinaires prenant pour modèle la nature afin de relever les défis du développement durable (ISO 18458:2015). 

Les nouvelles technologies bioinspirées apportent des solutions bas coût répondant aux vertus des cycles courts et de la bioéconomie. Le concept de jardin filtrant bioinspiré vise à améliorer la technologie des filtres plantés par l’introduction d’une faune endogée afin de se rapprocher de la biodiversité des communautés naturelles des berges de rivières. Selon les hypothèses biodiversité/fonction/service naturel, l'augmentation de la biodiversité dans ce système améliore et stabilise les fonctions de recyclage naturel de la matière organique comme dans les écosystèmes détritiques. L’apport de nouveaux niveaux trophiques dans ces procédés comme par exemple des brouteurs de biofilm peut être une solution pour limiter la production de boues en excès. Depuis les années 2000, par biomimétisme avec les systèmes aquatiques naturels, des chercheurs ont proposé le couplage de systèmes de traitement d’eau avec des invertébrés pour réguler la production de boues.

Comme dans les successions naturelles au cours du temps, le consortium microbien des procédés à biomasse fixée peut évoluer pour s'adapter aux nouvelles compositions chimiques de l’eau et assurer une biodégradation par bioamplification naturelle. La combinaison faune-flore est également une source de bioinspiration sous-utilisée. 

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